La fierté des Lavoie, bâtir sur la liberté.

Édouard Lavoie, juillet 1910

Mes chers amis du futur,

Je vous écris aujourd'hui du bureau de mon grand-père, Eustache. Le magasin a bien changé ! Nous avons maintenant le téléphone, et nous vendons des machines agricoles à vapeur qui auraient fait écarquiller les yeux à nos ancêtres. Notre famille a prospéré, et nous le devons à la vision d'un seul homme et à la loi de 1854.

Mon grand-père a toujours dit que cette loi n'était pas un cadeau, mais une occasion. Alors que d'autres se plaignaient, lui a compris. Il a vu que la terre devenait une marchandise. Il a payé son "capital" rubis sur l'ongle. Il a racheté la "vache à lait magique" du seigneur Prologue, comme disaient les anciens.

Une fois libéré de la rente, il a fait ce que les Lavoie font le mieux : il a fait des affaires. Il a racheté les terres des voisins qui, pris à la gorge, préféraient partir pour les manufactures de Montréal ou des États. Mon père a continué sur sa lancée. Aujourd'hui, notre famille est l'un des plus grands propriétaires fonciers de l'ancien domaine de Prologue. Nous ne sommes pas seigneurs ; nous sommes des entrepreneurs.

Certains nous regardent de travers. Ils disent que nous avons profité du malheur des autres. Je réponds que nous avons profité de la liberté. Mon grand-père a eu le courage que d'autres n'ont pas eu. L'abolition n'a pas libéré les habitants, elle a libéré le capital. Et nous, nous avons su le saisir.

Mes chers amis du futur,

Édouard Lavoie, petit-fils d'Eustache Lavoie et propriétaire du magasin général "Lavoie & Fils".

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