Les Terres des Borduas : Une bonne blague !

Sylvie Borduas, mars 1970

Salut tout le monde du futur !

Je vous écris de mon appartement à Montréal, entre un cours de sociologie et une "manif" pour la paix. Mon père m'a montré comment fonctionne cette vieille machine à écrire temporelle quand je suis revenue à Prologue la fin de semaine passée. C'est assez "cool" !

Il m'a parlé de l'histoire du village, de ce fameux régime seigneurial. Pour être honnête, pour moi, c'est une histoire aussi lointaine que les dinosaures ! L'autre jour, en fouillant dans le grenier, je suis tombée sur un vieux journal de mon arrière-grand-père, Marc. Vous savez, le fameux joueur de tours. Il y racontait son coup du "comité de trois écureuils" pour arbitrer les disputes de clôtures. J'en ai ri pendant une heure !

Mon père m'a expliqué que la famille n'a jamais eu de terre. On a été cordonniers, puis menuisiers. On n'a jamais eu de "capital" à racheter ni de "rente" à payer. Quand le gouvernement a finalement aboli les dernières rentes dans les années 40, ça n'a rien changé pour nous. On était déjà des gens de village, des travailleurs. Notre liberté, on l'a toujours eue dans nos mains.

Aujourd'hui, quand je retourne à Prologue, je vois les grandes terres des Lavoie et je trouve ça drôle. Ils sont riches, c'est vrai, mais ils sont encore prisonniers de cette vieille histoire. Nous, les Borduas, on n'a pas hérité d'un arpent de terre, mais on a hérité de quelque chose de bien plus précieux : le sens de l'humour de l'arrière-grand-père Marc. Et ça, aucune loi ne pourra jamais nous l'enlever !

Sylvie Borduas, arrière-petite-fille de Marc Borduas, étudiante à l'UQAM, Montréal.

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