
Pendant la traversée qui dura dix-sept jours, monsieur Morse m'expliqua son invention, me montrant, à l'aide de dessins et de schémas, comment il était possible de communiquer à distance et de façon presque instantanée, des messages codés selon l'alphabet qu'il avait aussi créé. Il me donna comme exemple le signal de détresse SOS qui se traduisait ainsi: " ...---...", c'est-à-dire trois sons brefs suivis de trois sons plus longs, eux-mêmes suivis de trois sons brefs.
![]() |
Comme toute invention, celle-là suscitait toutes sortes de réactions. Certains croyaient qu'il s'agissait d'une fumisterie ou d'un mauvais tour du diable, tandis que d'autres, moins nombreux, y voyaient une révolution dans la façon de communiquer et de rapprocher les humains et les peuples. C'est ainsi que monsieur Morse avait été invité dans de nombreux pays pour y présenter son invention et faire des démonstrations à l'aide des appareils et du matériel qu'il avait mis au point. |
Homme de grande science et de grande culture, il possédait l'art de rendre concrètes les notions les plus compliquées.
Malgré ma connaissance très limitée de la langue anglaise, je pouvais l'écouter pendant des heures me raconter comment lui était venue l'idée de cette invention, les difficultés qu'il avait rencontrées et les échecs qu'il avait connus avant d'arriver à des résultats probants. J'étais convaincu de vivre une expérience unique et j'en profitais autant qu'il m'était possible.
La traversée se faisait par un temps idéal et nous sortions chaque fin d'après-midi nous promener sur le pont. Accoudé au bastingage, le regard perdu au loin, monsieur Morse semblait puiser dans cette immensité azurée et ondoyante qui se mariait avec l'horizon, l'inspiration pour de nouvelles inventions ou de nouveaux tableaux. Monsieur Morse m'avait confié qu'il faisait aussi de la peinture.
Grâce à sa renommée déjà grande qui lui ouvrait toutes les portes, je pus rencontrer le capitaine du navire et visiter le poste de pilotage ainsi que la chambre des machines qui m'impressionna au plus haut point.
Au quinzième jour, nous vîmes apparaître les premières terres. Le navire faisait son entrée dans le Golfe du Saint-Laurent. Mon coeur commença à palpiter et mon émoi, grandissant au fur et à mesure que se rapprochaient les côtes, semblait à la fois amuser et réjouir mon protecteur.
Au soir du dix-septième jour, Montréal était en vue. Je ne pouvais y croire. J'avais atteint mon but.
Lire la suite...